Monsieur,
C’est véritablement un grand honneur pour moi que de
pouvoir m’adresser à vous au nom des anciens élèves au
moment de votre départ. Et pourtant ! il est vrai que nous
ne fûmes pas les meilleurs quand à la stricte observance
des règlements de Rocroy Saint Léon, règlements que vous
avez fait appliquer avec détermination jusqu’à
aujourd’hui. C’est au contraire en ayant compté parmi les
plus grands coupables de détournements de tous ces
règlements que nous avons pu en acquérir la compréhension
nécessaire et surtout que nous avons pu vous connaître
vous.
Car en effet, dans un établissement comme Rocroy Saint
Léon, qui sait combien l’attitude et le comportement de
ses élèves compte pour leur faculté d’intégration et leur
réussite future, votre personnalité et votre charisme ont
énormément compté.
Charisme en effet, car qui ne craignait dans les rangs
votre sifflet réprobateur désignant le fautif, (presque !)
toujours à raison, comme l’élément perturbateur de cette
classe si bien ordonnée. Qui n’avait pas peur, pour divers
prolongement de ses activités de récréations, d’être
envoyé par vos soins « à la grille », grille de la cour
qui, quelque soit sa forme, vous plaçait sous le regard de
400 bons éléments du collège qui vous savaient alors pour
5 minutes être leur hors-la-loi.
Et concernant vos principaux outils de travail, ces
consignes et avertissements sur lesquels vous avez fait
couler tant d’encre, il serait sans doute fastidieux
d’énumérer ici tous les motifs ayant donné l’occasion à
bon nombre d’entre nous d’avoir passé quelques surcroîts
de temps dans l’école de notre jeunesse. Ces quelques
lignes, dont la concision permettait à nos parents de
mesurer quelle était notre faute en l’espace de quelques
instants. Qu’il s’agisse des classiques « bavardage dans
les rangs », « dissipation en classe », « perturbation de
la séance de ciné-club », des moins honorables « bagarre
dans la cour », « insolence », « oubli systématique de la
carte de cantine », ou des plus exotiques « a mis des
yaourts dans les carafes d’eau de la cantine », « cruauté
envers les animaux du laboratoire des sciences de la vie
», « jets d’encre sur la blouse du professeur de physique
» ou encore «a entraîné ses camarades dans une visite
privée des caves de l’établissement à l’heure du déjeuner
».
Au-delà de ces forfaits passés et justement réprimés, qui
sont désormais au rayon des bons souvenirs, votre
personnalité, comme je l’ai dit tout à l’heure, a
énormément compté. Car dans vos actes disciplinaires quels
qu’ils soient ressortait une constante : la sanction,
jamais, n’était synonyme de dévalorisation. A une époque
ou notamment dans l’éducation tout élève est
potentiellement considéré comme une victime, et ou le
recours à des sanctions est souvent écarté pour éviter de
pousser les soi-disant victimes à s’exclure, il faut
reconnaître les mérites des principes éducatifs de Rocroy
Saint Léon, que vous avez si bien manifesté. Ici, où
l’élève est dès son entrée un être responsable, qui
apprend à se contrôler, car il sait l’existence de vos
rappels à l’ordre et de l’éventuelle juste punition qui
découlerait de ses débordements.
De longues heures passées en retenue avec vous permettent
de se rendre compte à quel point vous ne cherchiez rien
autant que la prise de conscience de l’élève. Votre
connaissance pointue de ses résultats scolaires (vous
pouviez citer le niveau de la plupart des élèves dans
leurs matières principales !) vous permettait d’ailleurs
d’élargir votre rôle pour avoir celui d’un véritable
accompagnateur.
A l’heure de votre départ, il est donc temps pour nous
exceptionnellement de faire usage une première et dernière
fois de ces outils de travail qui ont été les vôtres :
- Le plus sérieux et engageant, mais aussi quelque part
le plus glorieux : la consigne. A monsieur Rodriguez (et
monsieur Valette ?), qui, fait exceptionnel, sont
volontaires pour cette consigne, et qui ont ainsi pour
charge de poursuivre l’œuvre éducative de Rocroy dans
l’esprit de votre interprétation.
- L’avertissement, travail de fond et toujours à cette
occasion choisi par l’école et les anciens élèves, qui
n’oublieront pas votre rôle et se devront chacun de
continuer à vous faire signe régulièrement.
- Enfin, le seul document, la seule feuille qui faisait
plaisir à la vue de l’élève : le Permis. Car l’élève, même
si ces amis sont nombreux dans l’école, est néanmoins
toujours heureux de pouvoir rentrer chez lui plus tôt à la
faveur de quelque circonstance. Nous comprenons donc que
malgré votre départ de cet établissement central dans
votre carrière, vous êtes heureux de pouvoir désormais
vous occuper de votre maison, ainsi que de vos enfants et
petits-enfants. Dans ce domaine, à l’image de votre rôle
incontestable à Rocroy, nous vous souhaitons désormais le
meilleur.
Merci, monsieur Le Moucheux
Au nom de l’AAAEERSL : Romain HUBERT,
Laurent OLIVO, Benoît BIENFAIT, Frédéric CHAULAND,
Olivier BAUDEZ, Jean-Marc VINCENTI
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